Mercredi.
C'est le grand jour pour plusieurs de ces intoxiqués.
Encore
une fois, en bon conjoint sympathique, naïf et aimant un peu le trouble, je m'étais
donné la mission de lui acheter le dernier tome de l'histoire la journée de sa sortie. Vraiment, je n'avais rien compris. Mais ma grandeur d'âme surpassait
ma déception et ma constatation.
Madame serait contente. Moi, moins.
Alors
que j'entrais dans le local pour aller chercher les enfants, 3 femmes, dont une
éducatrice, discutaient. Elles avaient vraiment l'air d'avoir une belle
discussion. Problèmes avec leurs enfants? Elle n'avait pas l'air de s'en soucier
d'une miette. En me voyant au loin et voulant s'approcher, ma jeune progéniture se fit bousculer par un
"ami", les larmes s'en suivent. Les 3 femmes ne s'en souciaient pas, elles
discutaient. Alors que mon enfant me regardait au loin et voulant que je
m'approche, chose qui était impossible de faire sans défaire l'importante
discussion, ayant probablement comme sujet la refonte de finance de la Province ou comment équilibrer les inégalités dans ce pays ou comment améliorer le système de
santé publique, je décidai de les déranger.
-Viens
voir papa.
Je
l'a pris dans mes bras pour ensuite l'habiller sur le petit comptoir et ainsi quitter le Centre de la petite enfance.
Pendant ce temps, les
femmes étaient toujours en grande discussion jusqu'à ce qu’une première décide
de quitter le local. Alors qu'elle feint la sortie du local, je la regardais du
coin de l'oeil s'arrêter dans le cadre de porte pendant un instant. Elle y resta quelques secondes jusqu'à ce
qu'elle se retourna vers l'éducatrice, d'un pas assurée en disant:
-
Mais là, est-ce qu'Anatasia va rester mariée avec lui ou bien...
Le
cerveau m'explosa. Nous n'aurons vraisemblablement pas les solutions à
l'économie et les services publics du Québec de si tôt.
-
Ah non, pas encore ce foutu livre de malade mentale? Êtes-vous folle ou quoi?
C'est un livre, pouvez-vous en revenir un peu? Je ne suis plus capable d'en
entendre parler. Calmez-vous sur les boules chinoises, les menottes et les
prises du petit veau attrapé dans un rodéo.
Aussitôt
les 3 visages se sont retournés.
-
Ben quoi? Madame aussi le lit, n'est-ce pas mon cher?
-
Oui effectivement, je n'ai plus de vie, plus de femme, les enfants n'ont plus de
mère à cause de ces livres-là.
-
Ouais, mais c'est seulement 3 semaines de nos vies. Aujourd'hui sort le 3e
tome.
- Trois
semaines? Dans le cas de Madame, c'est plutôt 2!
-
2 pour 2 tomes, 3 pour 3 tomes, je les ai lu en anglais. Madame va lire aussi le
3e?
Ayant
appris par la lecture de ce livre par Madame que les femmes aimaient se faire contrôler, j'ai aussitôt répondu:
-Elle
le lira quand je lui donnerai le droit. Madame devra le mériter.
Non,
mais pourquoi ce système de contrôle si intéressant dans un livre ne pourrait
pas l'être dans la vie. Et pourquoi que contrôler la sexualité? Vous trouvez ça
romantique? Et bien soit!
Le
soir venu, toujours sous le choc, je me posais la question. Devais-je brûler le
livre et ne jamais lui donner? Comme ce n'est pas dans ma nature, je décidai de
lui remettre. Ne voulant pas que Madame passe la soirée à me "lire dans la
figure", je me suis donné la mission de lui remettre alors que la dernière
lumière s'éteindra rendu à l'heure du dodo.
Clic!
La dernière lumière s'est fermée. Elle vint me rejoindre dans les couvertures.
Pour la première fois depuis longtemps, ma main gauche n'était pas sur son cul
afin de lui permettre de comprendre l'envie qu'elle me donnait. Je lui poussai
au-dessous des couvertures l'élément qui allait nous permettre de vivre la
dernière étape de ces moments interminables.
-
C'est quoi ça... euh... AHHHHH OUIIIIIIII (non, je ne lui avais pas trouvé le
point G...). Tu me l'a acheté? Ah merciiiiiiiiiiiiiiiii.
S'en
était fait. Comment allait se passer la prochaine fin de semaine. Jamais deux
sans trois? L'acharnement et l'intoxication qu'avait causée la lecture de ce
livre nous avaient menés à beaucoup de nuits blanches.
-Ah
vous aussi vous avez retrouvé votre libido?
-Non,
on se chicane, on vit des crises. Madame ne comprend pas que lorsque je passe 3
semaines à vouloir écouter les séries éliminatoires de hockey en avril-mai et
qu'après 2 jours, elle me fait la moue (ne pas confondre avec l'amour...) pour
que je change mes habitudes, ce que je fais, c'est la même chose que lorsqu'elle
lit ce livre sans arrêt. Surtout que, contrairement à moi, elle ne change pas
ses habitudes et perdure dans son intensité, me laissant seul avec les enfants
vivre une vraie vie, saine, mais sans femme/mère...
Samedi
suivant. Très belle journée. Activité familiale, sourire et bonheur. Pendant
l'après-midi, je lui donnai la permission de faire sa lecture. Pendant ce temps,
je faisais des recherches. Je recherchais des films d'amour sur la
toile. Étant romantique et passionnée, j'aimais aussi les belles histoires
d'amour, je m'étais donné la mission de trouver en image la représentation
parfaite de cette histoire d'amour. J'avais trouvé. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois!
Mon fantôme d'amour peut aller se rhabiller! Il semble que les "histoires d'amour basées sur le respect des limites de l'autre", il y en avait
plein le web..
Elle
lut le livre pendant plus 150 minutes.
Le
soir venu, après avoir discuté avec Madame, lui partageant des émotions
refoulées depuis plus de 15 ans, nous avions tous entre nos mains pour vivre une
soirée digne de nos débuts.
Il
semble que depuis qu'elle lisait cette trilogie, j'avais changé. J'étais devenu
plus attentionné, plus amoureux, je la prenais plus comme une femme, moins comme seulement une
mère. Finalement, elle m'a dit qu'elle aimait beaucoup ce que j'étais devenu,
qu'elle avait retrouver le gout aux moments intimes, qu'elle n'avait jamais
ressenti d'émotion aussi forte que depuis nos débuts et que pour elle la lecture
de ce livre, avait changé notre couple pour le mieux.
Effectivement,
je voulais tout faire pour que l'on reprenne le contrôle sur notre vie amoureuse
et j'avais décidé, tout au long de ces trois semaines, de m'ouvrir comme je
l'avais jamais fait.
Ce
soir là, j'ai laissé tombées mes barrières et j'ai déballé avec émotion tout ce
que j'avais sur le coeur dans ma vie. Une grande preuve de confiance, car
jamais je ne pensais raconter certains éléments de mon passé à personne. Ce
moment dura près de 90 minutes. Les yeux de Madame brillaient, elle admirait
mon courage et comprenaient mieux certaines réactions que je pouvais avoir en
réaction à certaines situations.
Je
n'avais pratiquement plus de cachettes envers elle.
Nous
nous regardions avec amour, je sentais qu'elle avait compris que j'avais
grandement besoin de la femme qu'elle était. Que rien au monde ne devait
contrecarrer ce que je ressentais pour elle.
Jamais
je n'avais vécu un moment aussi tendre. Les émotions avaient maintenant fait
place à l'excitation. Plus je la regardais, plus j'avais le gout de lui faire
vivre l'extase. Que ce plaisir soit aussi intense que l'émotion que je venais de
vivre. Elle méritait bien ça!
Je
ne voulais pas la baiser.
Je
voulais lui faire l'amour.
Vraiment. Comme l'amour que j'éprouvais pour elle
depuis toujours.
Je
pris alors les devants, tranquillement, en lui disant d'un air des plus
affectueux:
-Chérie,
que veux-tu faire maintenant?
-
Euh.. bien...j'en profiterais pour lire un peu...
Quoi?!?!?!?!
La réalité venait de me rejoindre! Je n'étais visiblement plus l'homme de sa
vie.
Que
l'on brûle ces livres à tout jamais...
-
fin de la dernière partie ... pour l'instant... -
Intéressant ce blogue! Le fun à lire!
RépondreSupprimerJe suis tombée dans le piège, une amie m'a prêté les 50 nuances...mais je crois qu'un seul livre sera correct.
Me semble que ma vie de couple est platonique comparé de la sienne!!!! Et quand je referme le bouquin, je voudrais un Grey sous les couvertes hi!hi!
Je reviendrai faire mon tour!
Merci beaucoup des bons mots :) Bienvenue dans le monde de L'Homme Imparfait :)
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